06 janvier 2007

Chapitre 12 : Téléphone rose


L’heure du voyage est arrivé très rapidement. Nous n’avons pas eu le temps de profiter chacun de l’autre. Mais ça ne me chagrine pas tant que ça. Un peu de séparation permet de prendre un peu de distance. De plus, je sais qu’elle donnera des nouvelles. Durant son trajet, déjà ça commence. Des messages. Des invitations érotiques. Elle essaie de me faire fantasmer. Je vais jouer le jeu pour lui faire plaisir. Elle est seule dans un compartiment et évoque toutes les choses que l’on aurait pu faire si nous avions été tous les deux. C’est vrai que cela peut donner quelques idées. Je serais tout de même plus émoustillé si je vivais la chose directement. Parfois elle abandonne les sms pour des appels. Elle essaie de prendre une voix sensuelle, on se croirait au téléphone rose. Elle me décrit son état de chaleur, sa solitude dans ce grand compartiment. Elle énumère les atouts matériels qu’offre le lieu, propice à des ébats dans des conditions originales. Je ne sais si son but est de s’amuser ou de fantasmer parce que je lui manque. Je suppose que de toute manière elle cherche à maintenir mon intérêt à son égard. Un petit mot, genre tu me manques, je pense à toi aurait suffit. Là, elle en fait trop. Ca commence à m’ennuyer sévèrement. Je vais peut être couper mon téléphone un moment. Elle me fera la tête mais au moins je serais tranquille.
Son séjour loin de moi et surtout loin de tout est très ennuyeux et désire passer du temps au téléphone avec moi. Je continue ma vie et n’ai pas nécessairement autant de temps à lui consacrer. Elle essaie encore toujours d’évoquer chez moins un manque. Je ne sais pas si c’est une bonne technique. Je pourrais du coup essayer d’aller voir ailleurs si j’étais vraiment aussi excité qu’elle le désir, pour me délester de ce mal être éventuel. Je me porte bien. Par chance, de mon côté je suis plutôt pour l’exclusivité. Néanmoins, Elle souhaiterait que je me soulage de cet éventuel pression, avec elle au téléphone. Mais biensur. Je joue le jeu et lui fait croire ma soumission à son désir pervers et coup juste au moment qui devient le plus tendu. Elle a tout de même réussit à me diminuer l’espace disponible dans mon boxer. Elle semble se délecter de ce petit jeu. J’imagine le substitut à porter de main. Elle ne me donne pas de détail, je n’en demande pas non plus. Un soir elle m’appelle alors que j suis au bar avec une amie. Je n’ai pas forcément envie de lui parler là. Je trouve la compagnie de mon amie plus intéressante. Je sens que j’ai été un peu sec. Je m’en excuserais plus tard. Elle n’arrive pas à comprendre que même si elle s’ennuie mortellement, pas moi. Je suis même détendu vu les efforts qu’elle met pour rester le plus en communication avec moi. Je sais que je la retrouverai chaude comme les braises. Je suis même plus serein que pendant mon célibat. Tout le temps de son séjour loin de moi, la rengaine se rejoue quotidiennement. Je l’accepte, je comprends son extrême solitude. Comme quoi mon soi disant substitut ne fait pas tout, il n’a pas les mêmes capacités que moi.
Enfin son séjour est terminé. Elle est dans le train. Le téléphone sonne. Comme c’est bizarre. Je m’attends au même discours qu’à l’aller, mais au son de sa voix je comprends que la situation est différente. Elle parait traumatisée. La faute à une gentille petite famille. Un couple et leur petite fille. Evidemment la petite fille fait trop de bruit. Elle veut me parler plusieurs fois pour soulager son envie d’infanticide. Je ne la comprends spas très bien et je suis persuadé qu’elle exagère les événements. Elle ne supporte pas les autres en fait. Et surtout si les autres à les traits d’une fillette de 8 ans. Vous savez ce que l’on dit des enfants des autres. Elle ne veut connaître que ceux des autres, en photo.
Elle va arriver sûrement un peu énervée. Par chance, la petite famille est descendue une heure avant son arrêt à elle. Elle aura le temps de se détendre. En grand romantique que je suis-je vais l’attendre sur le quai de la gare avec un bouquet de roses. Le train s’arrête ? Mais il fait combien de kilomètres. Je ne la vois pas descendre. Avec mon bouquet j’ai l’air un peu ridicule devant tous ces gens. J’essaie désespérément de le dissimuler derrière mon dos. Certains doivent bien se marrer. D’autres doivent être bien jalousent. J’en vois une qui lance un regard bizarre à son homme à côté de moi. Lui le regard qu’il me décoche est plutôt sombre. Et oui il y a des imbéciles comme moi qui font des trucs stupides, que les femmes aiment en générales, mais qui nous rendent la vie toujours plus difficiles et les exigences toujours plus pointues. Je me souviens de ce qui disait Amélia, la copine de Nico, il ne m’offre jamais de fleur, c’est comme ça j’ai pris l’habitude. Moi je suis con j’ai pris l’habitude d’en offrir régulièrement, désormais je suis coincé, je ne peux plus m’arrêter. Si il devait y avoir une prochaine, je ferais attention à ça. La voilà enfin qui apparaît, traînant difficilement son sac. Je la serre dans mes bras et sors le bouquet de derrière mon dos, comme si elle ne l’avait pas repérée sur les trente mètres de parcours effectué face à face, les yeux dans les yeux. Elle a le sourire.
Nous allons chez elle. Elle dépose ses affaires. On souffle un peu entre deux bisous. Puis, comme prévu, les retrouvailles sont plutôt épicées. Toutefois, nous ne pouvons pas trop nous attarder, nous avons rendez vous pour dîner avec des amis à moi. Je vais leur présenter Armelle. Le téléphone sonne en plein effort. Je décroche comme bon goujat que je suis.
« - c’est Jules, qu’est que tu fous ? On vous attend.
- Vous êtes où ?
- A l’Europe
- Dans trois quart d’heure on est là, on vient à pied. Prenez un verre en attendant.
- Tu crois qu’on a attendu !! »
Il faut qu’on y aille. Je n’aime pas arriver en retard. On se rhabille. De toute façon, l’élan était coupé. Nous voilà main dans la main dans la rue. Je ne sais pas ce qu’ils vont penser d’elle. J’espère qu’ils ne seront pas trop lourds.

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