23 septembre 2006

Chapitre 5 : Crépuscule amoureux


Une lumière douce envahis lentement les petites ouvertures du capitonnage nocturne de la pièce. Les yeux, appelés par cette aurore, s’entrouvrent, se fixent sur le réveil. Le regard dans le vague à la recherche de l’image de son visage. Il semble se construire à travers la pénombre ses courbes se dessinent tendrement dans une volupté irréelle, fondamentalement irréelle.

Le coma matinal se dissipe peu à peu laissant place à un irrémédiable désenchantement de tous ces réveilles, ces retours à la vie morne sans ce regard fuyant de tristesse. Combien d’endormissement, combien de réveils passés à penser à cet amour que je ne sens pas mais que je recherche désespérément au plus profond de ces yeux. Mais elle n’est pas là. Une absence physique qui pèse sur cette présence spirituelle incessante, indécente. Rien ne me permet d’espérer son amour et pourtant c’est celui là que je cherche. Rien ne me prédit mon amour pour elle et pourtant c’est celui-ci qui m’obsède.

Je ne sais si ce matin ressemble à tous les autres mais il en a le goût et la saveur. Cette sensation d’obstination interminable demeure. Nul délivrance ne semble exister pourtant aucun sens ne parait diriger cette manœuvre de l’esprit cherchant a restituer ces pales souvenirs d’une si courtes rencontres. La mémoire veut retrouver les sensations de sa présence mais aucune sensation ne prend de sens. Ce ne sont que des impressions du vécu qui envahissent l’esprit. Ils ne traduisent plus la réalité des évènements, et ne sont que pure construction de l’imaginaire.

De cette nuit révélatrice, il ne reste plus que des images et des sons tel un film que l’on regarderait tout en dormant, une vision approximative de l’histoire, dépourvu de tout ce qui fait l’intensité des rapports humains liée au cinq sens de la vie. Où est passé son odeur, sa chaleur, sa douceur ? Au fond de ma mémoire ? Mais coincé au plus profond de mon être d’une manière si perfide qu’elle est impossible à retrouver. Impossible !!! Peut être pas tant que ça. Sinon comment expliquer cet engouement insaisissable pour cette aventure d’une nuit qui signifie tellement plus pour mon esprit. Pourtant, je me rappel chaque geste, chaque réaction mais ne les ressent plus. C’est peut être ça le plus dure. J’essaie mais sans cesse mon esprit s’arrête à ce film.

Je me souviens de cette soirée, tout son cheminement. Depuis cette attente en sa présence jusqu’à la libération du début. Cette main se serrant dans la mienne sans tiédeur sans moiteur, d’une assurance déconcertante qui surprend tout d’abord mon cœur pour le fidéliser en un rythme soutenu mais régulier. Je me souviens de sa joie et de son excitation sur le chemin du retour. Toute sa vitalité si habituelle chez elle, dévoilé et ouvert à tout, en cet instant. Puis vient ce jeu d’assurance supérieur, où son calme domine le mien dans une courte feinte d’indifférence aux événements avant de décider de s’abandonner à mes bras. Je me souviens de la douceur de ses bras au contact de mes mains fraîches ; de sa peau tendre sous mes baisers, de ses lèvres suivant les mouvements avec précision. Tout ceci m’aurait suffit à cet instant mais elle me donna encore plus, insinuant en moins une peur que je redoutais et une confiance que j’attendais. C’est ainsi, que nous sommes retourné chez elle, enjoué, elle l’exprimant plus que moi. Et que tout est arrivé naturellement.

Tout était parfait et pourtant notre première nuit fut aussi synonyme de rejet, dont les causes étaient claires mais dont je ne percevais pas encore la signification réelle pour mon être intérieur. Déçu mais compréhensif, aucune des fautes qu’elle semblait si honteusement d’avoir commise ne parurent aussi désastreuse qu’elle ne le pensait. Mais une fois l’extase passée le sens de son malheur commença à donner un sens au mien. A peine nos corps séparés, je l’ai sentie ailleurs, distante. Je ne sens le regret monter en elle. Elle est s’éloigne de moi se lève. Je vais pour la suivre. Elle s’excuse. Elle ne me regarde pas. Malaise. Tension soudaine, elle ne fait que s’excuser et me repousser. Je suis sous le charme depuis le premier regard. Envoûté pour de bon depuis ce soir. Maintenant, le cœur brisé de déception. Elle ne veut pas de moi. Elle pense à un autre. Je ne suis pas prêt à encaisser. Je ne réagis pas. Elle aime. Elle ne m’aime pas. Normal on se connaît tout juste. Elle ne m’aimera pas. Difficile à comprendre, son plaisir était évident tout à l’heure. Histoire d’un soir qui vous marque pour des jours, des semaines, des mois. Je sais déjà que je vais avoir du mal à m’en remettre. Cependant je ne la connais pas vraiment.

Malheureusement, ce mal être a lieu d’être puisqu’elle est la seule à m’avoir apporter se réconfort, cette agréable sentiment d’avoir pu intéresser le cœur d’une femme. Le doute inhérent à ma vie c’est dissipé l’espace d’une nuit ; mais il reparut aussi vite qu’il s’était éteint. Certes une confiance en l’avenir a pris place, mais une inconstance demeure toujours dans ma vie. J’ai trouvé cette femme formidable. Je ne la connais pas. Elle m’habite. Je ne la connais pas. Elle m’a insufflé un nouvel espoir. Elle détruit notre avenir. Pourquoi tant de volonté à la vouloir. Elle m’a approché, conquis, envoûté, jeté. Je ne la connais pas. Elle s’appelle Céline.

Déjà quelques jours, qu’elle m’a laissé tombé. On tente de construire une amitié. Je crois que j’ai des sentiments pour elle. Je suis tellement maladroit qu’elle risque de s’en apercevoir. De nombreuses sorties sont organisée. Des goûts communs, essentiellement musicaux. Jusqu’à ce festival. Ce concert. Allez voir Cali dans ces conditions fut une erreur monumentale. Nous sommes éloignés dans nos visions. Une séparation également physique pendant ce concert, elle n’est pas directement à côté de moi. J’aurais voulu la sentir prêt de moi, elle préfère se tenir éloignée. On craint tout les deux cette magnifique chanson. « L’Amour Parfait », qui nous renvoie notre relation très imparfaite. Ces paroles qui nous montrent l’échec de notre situation :

« J'ai si peur de continuer le chemin seul. Le bonheur s'agrippe trop mal aux gens seuls. Et j'implore, oui, j'implore de voir surgir enfin l'amour (….) j'attend que prenne le feu qui dévore le ventre. Il paraît que l'on ri, que l'on danse, que l'on pleure pour rien d'autre que le pur bonheur (…..) Est-ce toi ? Est-ce bien toi ? Si le prix à payer est de mourir étouffé de chagrin, on s'en fout, ça vaut le coup d'oser s'aimer maintenant, peut-être trop fort, mais d'y croire jusqu'au bout ».

Le retour est troublant, je sens qu’on est arrivé au bout. C’est la fin. Cette chanson à tuer mes espoirs et ouvert son regard sur mon état. Elle va mettre un terme à ma souffrance pour mon bien, pour son bien. Jeff Buckley nous accompagne pour ce dernier voyage mélancolique. La mort d’une relation. Je ne dis mot, je consens à cette fin qu’elle m’annoncera bientôt. Je n’ai plus le choix. C’est peut être ce qu’il y a de mieux pour moi.

La séparation est effective quelques jours plus tard. Les sanglots montent désormais à chaque écoute de cette chanson. Pourquoi l’écouter ? Pour se soigner. Pour se vider. Pour respirer. Pour repartir. Je la recroiserais peut être. On verra nos réactions. Demain, je pars en vacances. Moment privilégié avec moi-même en perspective. De longues heures de routes, pour un renouveau, peut-être pas. Pour un redémarrage, je l’espère.


Suite

1 commentaire:

Par 4 chemins a dit…

C'est vraiment bien écrit ! J'aime beaucoup ça Trungpa... Quelle sensibilité.