10 septembre 2006

Chapitre 3 : Le petit papier


Ma voiture est en panne. Je vais repousser mes vacances. Valérie, que je devais aller voir, n’est pas disponible. Je vais repousser de deux semaines. A vrai dire, au vu des derniers évènements, ça m’arrange, il y a cette fille à rappeler. Je vais peut être avoir une relation à débuter, qui sait.


Je ne sais pas trop quoi faire. Il faut que je lui téléphone, ne pas utiliser les sms. Je suis un peu tendu. Je ne sais pas si je vais avoir le courage de lui parler. Pourtant ça devrait être plus simple que l’autre fois au bar ; elle ne serra pas en face de moi. De plus, elle a fait le premier pas, donc je n’ai rien à craindre pour le moment, au contraire elle a montré son intérêt à mon égard, pour le premier rendez vous c’est quasiment joué d’avance.


Je prends mon portable. Où est le numéro ? Putain, je n’ai tout de même pas paumé ce si précieux sésame. Où est ce que je l’ai posé? J’ai beau retourner l’appartement dans tout les sens, impossible de remettre la main dessus. Où est ce que je l’ai rangé ? Dans ma veste, oui bien sur, je l’ai remis dans ma veste, là où je l’ai trouvé. Non, il n’y est pas. Je ne suis qu’un gros nul. Pour une fois qu’une jeune femme s’intéresse à moi, et en surtout une femme qui ne me déplait pas, il faut que je fasse une connerie pareil. Quel abruti, je ne pouvais pas le rangé dans un endroit sur. Je m’affale sur le canapé dégoûté. La tête plantée dans les coussins j’hurle ma détresse. Un son étouffé, un goût de synthétique dans la bouche. La tête se détourne vers la table de salon. Je perçois le cd de Bazbaz qui traîne sur la table, Margaux me l’a rendu il y a une semaine, je ne sais même plus si elle me manque. Je décide d’aller m’acheter quelques livres. Je prend ma veste, et oh surprise voilà le petit papier, tomber au pied du fauteuil. Sauvé. A force de tergiverser et de le manipuler j’ai failli perdre cette chance qui m’est offerte de rencontrer cette fille qui m’intrigue. Qui donc peut s’intéresser à moi juste sur une impression émanant de mon physique inexistant, ni beau ni moche. J’aurais mieux fait de téléphoner directement sans réfléchir, ou au moins d’entrer le numéro dans mon mobile. Je vois l’heure sur la pendule, 12h30 déjà. Je ne vais pas l’appeler maintenant, je risque de la déranger en plein repas. Je vais attendre au moins une heure.


Il ne me reste donc plus qu’à attendre patiemment. Je ne me souviens pas très bien d’elle. Seul son regard retenait mon attention la nuit dernière. Je cherche le plus souvent à jauger le regard des femmes que le reste. Non pas que le physique est sans importance, je pense qu’il faut être hypocrite ou très moche (et encore) pour penser que le physique ne compte pas. Mais je ne suis pas du genre à mater la poitrine, sauf si on ne me donne que ça à regarder, moi je mâte les fesses. C’est tout de même plus excitant. Le problème, que ce soit les fesses ou la poitrine, que ces parties du physique ne laisse rien échapper de la personnalité de la personne, quoique. A vrai dire je n’ai pas franchement de critères de beauté. Je suis tout de même sensible au superficiel, il faut être honnête, mais plus en terme de rejet que de volonté absolue d’attributs. Une fille obèse va me repousser, rien que de le penser je trouve ça monstrueux mais je suis réaliste, surtout que moi avec mon gabarit. Néanmoins, une fille ronde, même pouvant peser plus que moi, peut m’intéresser, ronde, maigre, sportive pas de réelle différence, la beauté ne connaît pas de tels critères dans mon esprit. Par contre, la présentation joue un rôle non négligeable. Le maquillage à la truelle, surtout pratiqué sans CAP de peintre en bâtiment, crée des dégâts irrémédiables, c’est la fuite assurée.


Mais elle ne m’a pas donné envie de fuir. Je me souviens peut être de rondeurs, je ne pourrais l’affirmer. Elle ne sait pas si elle me plaie vraiment, elle ne me déplait pas c’est sur, elle m’intrigue tellement que je vais lui téléphoner.


Que vais-je lui dire ? Je l’invite direct à boire un verre ? Je lui fais la discussion ? Sur quel sujet ? Je ne connais que son prénom. En fait ce n’est si facile d’entamer une discussion avec quelqu’un que l’on ne connaît pas du tout, mais en plus si on ne peut pas voir ses réactions commence savoir si on ne fait pas des gaffes ou si on est vraiment très chiant. Et si elle regrettait de m’avoir laisser son numéro ? Et si elle n’était pas très intéressante au téléphone, je l’invite ou pas ? Et si elle était déjà avec quelqu’un et qu’elle ne faisait ça que pour allumer les mecs ? Et si je commençais par arrêter de réfléchir et de me poser des tas de questions sans réponse qui ne feront pas avancer la situation et qui ne servent qu’à une chose : reculer. Mais tais toi ! Qu’est ce que j’envie les instinctifs.


13h29, je vais téléphoner. Et merde qui est ce qui ose m’appeler, je ne réponds pas c’est ma mère, elle va encore plus me stresser. Bon, je n’ai pas quitté le papier cette fois, je n’avais pas envie de le perdre et il est tout humide, tellement stressé que la sueur a imbibé le papier et l’encre s’est étalée sur la page. Le numéro n’est pas trop visible. On arrive tout de même à lire à peu prés, heureusement je le connais déjà un peu à force de le regarder. Bon j’ai envie de pisser, je vais y aller avant pour être à mon aise.


Enfin paré pour l’aventure, c’est naze j’ai juste un coup de fil à passer. J’ai une vie palpitante. Je compose le numéro, je vérifie sur le cadran que les chiffres sont identiques à ceux du petit mot, évitons la désillusion du mauvais numéro. Allez c’est partie. Première sonnerie. C’est bon le portable est allumé. Deuxième sonnerie. Au moins elle n’était pas accrochée à son portable à m’attendre. Troisième sonnerie. Elle cherche peut être son portable dans son sac. Quatrième sonnerie. J’espère que je ne vais pas déranger. Cinquième sonnerie. Et merde je n’ai pas prévu le message pour le répondeur, serein et détendu. Répondeur. « Vous êtes bien au O6……. » Qu’est ce que je fais. Je raccroche, je n’aime pas les répondeurs. Elle ne saura pas qui l’a appelé. Elle ne saura pour qu’elle petit papier est ce coup de téléphone. Et oui si elle fait le coup à tout le monde. Je réessaierai plus tard, mais il faut que je prévoie un texte à laisser sur la messagerie, clair et détendu. Je ne sais pas quoi dire, je hais les répondeurs. Je ne suis pas à l’aise au téléphone mais si c’est pour parler à une machine c’est encore pire. Je vais dire « Bonjour, je suis Laurent, l’inconnue du St Patrick de la nuit dernière, comme tu vois j’ai bien trouvé ton petit mot, je te laisse mon numéro, et de toute manière j’essaierai de te contacter plus tard bonne journée bye » Ca me semble pas mal, il faut que je sois détendu, serein, la voie claire. Je vais peut être attendre un peu avant de rappeler histoire de pas faire l’impatient.


Une heure que je tourne en rond, je vais essayer de retenter ma chance après un temps non précis, genre une heure et 13 minutes. Ce sont ces 13 minutes qui font toute la différence. Si je le faisais au bout d’une heure pile d’attente, ça ferait trop calculé. De toute manière cela m’étonnerait qu’elle calcule le temps entre les appels. Allez c’est bon, c’est le moment. Ca sonne, le portable est toujours allumé. Ca décroche.


« -Allo ? » C’est une voie d’homme.


«- Je suis bien sur le portable de Céline ?


- ouais, la voie est sèche et un peu agressive, c’est ma sœur elle est à côté, elle conduit, C’est qui ?


- c’est Laurent du Pub, il ne faut pas que j’en dise trop


- Elle ne connaît pas de Laurent. J’ai vraiment la poisse.


- Hier soir au pub avec le veste noir, et un papier dans la poche », mouais peut être un peu maladroit.


« - Je rappellerais plus tard, je ne vais pas déranger. »


Je ne sais pas ce que j’ai fais pour mériter ça. Tout me parait compliqué maintenant. Je me demande bien ce que je vais devenir avec le destin qui s’acharne sur moi. Ce n’est pas grave, après tout je ne la connais pas. Il faut que je me décide si je retente ma chance où pas. Au moins par politesse, il faut que je la recontacte. Bon je vais trouver une occupation. Normalement je devais être sur la route des vacances. Je n’ai rien de prévu. Je vais me mâter un film.


Il est 19h30, je réessaie après 20h. Le téléphone sonne, numéro qui n’est pas dans mon répertoire, c’est elle. Je laisse sonner deux fois encore.


« -Allo


-Bonjour c’est Céline, excuse moi pour tout à l’heure avec mon frère.


- Il n’y a pas de souci. Tu peux bien t’excuser.


- Si j’ai bien compris tu te nomme Laurent ?


-Et oui. Je m’excuse d’avance si je suis un peu timide mais je n’aime pas trop le téléphone. Mais pourquoi je raconte ça, je suis con ou quoi.


-Ok


- mais ça me fait plaisir de te parler, je me rattrape comme je peux


- tu préfère peut être que l’on se voit ? Elle a une voie assez sur.


- oui pourquoi pas aller prendre un verre, tu as un endroit préféré ?


- pourquoi pas au pub comme hier soir ?


- Je préfère dans le centre, je suis en panne de voiture, si ça ne te dérange pas. Pourvu qu’elle accepte où je ne sais pas si je vais réussir à m’arranger.


- Ok, on se retrouve place du jet d’eau ?


- Quand ?


-Ce soir je ne peux pas mais demain après midi, 16h ?


- C’est bon pour moi.


- On fait comme ça alors. A demain Laurent


-A demain, bonne soirée


- Bye


- Ciao »


Comment elle a dit mon nom. Elle a bien mis l’accent, en donnant un air plus doux à sa voie, sans en faire trop. Bon le jet d’eau ce n’est pas trop original et il y a beaucoup de monde qui se retrouve là bas. Mais normalement on ne devrait pas avoir trop de difficulté à se reconnaître puisqu’on s’est déjà vu. Je vais encore passé une nuit à me faire des plans et à tourner dans mon lit, histoire d’être sur d’avoir la même tête de déterrée que la veille au soir.



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1 commentaire:

Par 4 chemins a dit…

Excellent ! J'aime la façon dont tu te vois avec ironie ! C'est drôle et émouvant ! Bravo... et bisous... et ... la suite !!! ;-)