14 octobre 2006

Chapitre 8 : Un débat, une rencontre


C’est quand on s’y attend le moins qu’on rencontre le plus souvent les personnes les plus intéressantes, et parfois juste là, cachées dans notre entourage. Une soirée chez une amie. Une pièce unique de studio d’étudiant, où tout est à porté de main. Lieu de vie précaire et conviviale. Beaucoup, on connut ces charmes de la vie étudiante, le lit canapé, les poubelles à un lancé de la couche, utile pour jeter ces déchets quand on dort, une salle de bain qui ne devrait pas porter ce nom, tant il est inconcevable de s’allonger dans cette antre réduite au stricte minimum. Une pièce remplie avec très peu d’ami, mais l’impression d’être une quarantaine. Un studio qui ressemble à un ascenseur d’hôpital, vaste et toujours rempli.


Je ne suis plus étudiant et me voilà de nouveau dans cette atmosphère. J’ai perdu depuis peu cette vague inconscience qui habite ces jeunes. Et moi je ne suis plus jeune ? Peut être un peu encore. Même si les problèmes financiers font partie du quotidien de la plus part des étudiants, ils conservent cette absence d’inquiétude pour le lendemain, le stress de la vie active ne monopolise pas encore leurs esprits.


Soudain, après une demi heure de discussion avec cette ordre d’universitaire, je me rend compte que la plus part de ses personnes sont issus de famille aisée, les parents sont avocats, PDG, directeur…. ce n’est pas un crime. Moi je suis issu de la classe moyenne, celle qui a conscience de ce que pourrait être une vie avec moins, et qui ne se sent pas toujours le droit de se plaindre. Je ne suis pas d’un milieu défavorisé, mais mes parents n’ont pas pu me payer la totalité de mes études et ont apportés le soutien qu’ils pouvaient. Pourquoi cette réflexion, tout simplement parce que la discussion est arrivé sur les jobs d’été. Ils pratiquent parce que «Père » ne leur a pas laissé le choix, ou pour montrer qu’ils pouvaient se passer de leurs parents. Pourquoi pas, après tout chacun ces raisons et ces idées. Mais pour beaucoup, ce travaille est une véritable nécessité, pas pour eux et on le sent bien dans le discours. Pour eux, ça leur donne l’argent de poches nécessaire pour partir à Ibiza, le billet est tout de même offert par « Papa ».


D’un coup, je me sens supérieur à ces fils à papa. J’ai tort, c’est seulement du mépris, peut être de la jalousie, non seulement du mépris. Surtout pour celui qui me sort qu’il faut « vraiment être abruti pour aller travailler en usine, c’est vraiment pour ceux qui n’ont rien dans la tête ». Une partie rigole. Je suis dépité. Je me tais pour le moment.


Soudain la maîtresse du studio, c’est elle qui m’a invité, une de mes rencontres internet. Lors de notre rencontre elle est venue accompagnée, c’est sur sa copine, Isabelle, que j’ai accrochée. Elle nous parle de ses vacances et dit :


- « Je ne comprend pas Isabelle, elle m’avait pourtant promise de me rejoindre à Barcelone cet été. Ca aurait trop bien qu’elle vienne au moins quinze jours. Sur les deux mois que j’ai passé là bas.


- Au fait, tu as trouvé facilement du travaille sur place ? Je lui lance sans l’air un peu hésitant m’attendant à une réponse qui ne me surprendrait pas.


- Non, je n’ai rien trouvé de convenable, il n’y avait que des jobs de serveuses de disponible. Je ne suis pas trop conne, je voulais pouvoir profiter de mes vacances. Mais ce n’est pas un problème puisque finalement Papa m’a tout payé.


Je me remémore une sortie avec Amélie, un après midi de mai où je l’ai un peu accompagné dans les magasins pour trouver un cadeau d’anniversaire pour Isabelle. Alors qu’elle regardait la vitrine d’un magasin de vêtements, pour elle, elle me dit :


- « j’ai trop envie de cette robe !!! C’est bon je craque, je demanderais de l’argent à mon père.


- Faut ce que tu veux, lui ai-je dit d’un air blasé. Je voulais surtout qu’elle se dépêche.


- Je me rends compte que l’argent est tout de même indispensable au bonheur, j’en suis convaincue maintenant, je ne pourrais pas vivre avec un type qui ne gagne pas bien sa vie. »


J’étais ahuri par cette réflexion, ce jour là elle est tombée dans mon estime. J’essayait de faire le lien entre la superficialité de cette fille de vingt ans et son désire de partir en mission humanitaire pour aider les plus démunie. Il est vrai que beaucoup de personnes de milieu aisé veulent faire de l’humanitaire, probablement un problème de culpabilisation vis-à-vis de leurs chances de vivre dans un certain luxe, mais j’espère que le plus part on un regard différent de cette gamine pourrie gâtée. Dans le cas d’Amélie, je me demande si ce n’est pas une volonté de se sentir supérieure ou de manière inconsciente pour apprécier encore plus ce qu’elle a. Souhaitons que ce voyage, si elle trouve le courage de la faire, lui fasse changer sa vision de la vie. Mais je doute qu’elle réalise se projet un jour. Cette envie est plus un caprice de jeune fille perdue dans un monde doré.


Suite à la réflexion, d’Amélie sur Isabelle qui n’est pas venue la rejoindre, un acquiescement général commence à envahir la pièce. Je décide de prendre la défense de l’absente. Elle a du annuler sa venu au dernier moment, à mon grand regret, elle a été appelée pour faire un extra au restaurant où elle passe tout ses week-ends pour gagner de quoi manger :


- « Elle a travaillé pratiquement tout l’été, elle voulait mettre un peu d’argent de côté pour passer son permis. Le voyage n’était probablement pas dans ces moyens.


- Un billet de train ce n’est pas si chère, et elle aurait dépensée tout au plus 400 euros pour son séjour, c’est que dalle, me rétorque un grand maigre qui de suite m’est antipathique.


- Des vacances à Barcelone dans de telles conditions ça ne se loupe pas, me lance un autre, il faut être stupide pour ne pas faire la part des choses et ne pas sauter sur une occasion pareille.


- Et de toute manière je ne vois pas pourquoi elle passe son permis, réplique le grand maigre, si elle n’est pas capable de mettre 400 euros pour un petit voyage elle ne pourra jamais avoir de voiture potable.


J’étais déboussolé par temps de niaiseries. Je ne savais pas que l’on pouvait réunir toute la bêtise du monde dans un si petit lieu. J’ai voulu continuer ma plaidoirie :


- « Vous rigolez ou quoi, 400 euros c’est déjà pas mal, surtout quand on bosse comme un malade pour payer ces études.


- Au pire tu fais un prêt, c’est les parents qui le rembourserons, reprend le grand maigre. Et de toute manière si on a pas les moyens on ne fait pas d’études qui ne serviront à rien.



J’étais hors de moi, presque au sens premier. Des arguments plus insensés les uns que les autres ont continués de fuser de tout les sens. Je me sens un malaise m’envahir ; Ne sachant plus ou donner de la tête. Un vrai cauchemar. Mes yeux s’écarquillent, je me prépare à tous les incendier de bêtises aussi grosses qu’eux. J’aperçois sur le côté une jeune femme qui me regarde, l’air compatissant. Elle est assise en tailleur sur le sol. Elle plonge son visage dans ses mains avant de me jeter un regard plein de dépit. Ces lèvres esquissent un sourire rempli de désarroi. Elle secoue légèrement la tête. Elle semble aussi atterrée que moi. Son sourire crispé se desserre. J’entends le flot continu de parole provenant de ces blasphémateurs de la condition humaine, mais les mots n’ont plus de sens, plus de consistances. Ma communication ne ce fait plus que par le regard avec cette camarade de lutte. Elle tente de me venir en aide en prenant la parole, mais personne ne la laisse s’exprimer. Les paroles s’estompent peu à peu. Le calme revient. Mon voisin se penche vers moi et me dit. : « Tu vois bien que nous avons raison. On est majoritaire. En plus, c’est ceux qui ont le pouvoir qu ont raison, on a l’argent donc le pouvoir. »


Elle se lève et commence à prendre ses affaires. Je suis déjà debout et je déclare d’un ton sur, un discours pas du tout préparé, je sens que je me lance dans le n’importe quoi et pourtant je ne m’arrête pas :


« Je me rend bien compte que l’égalité des Hommes est une utopie ». C’est stupide ce que je raconte mais tout le monde est d’accord avec ça apparemment. « Tant que le pouvoir sera laissé à une bande d’égoïstes sociaux qui ne pense qu’à conserver leur suprématie en suivant le St Père billet vert le monde ira mal. » C’est totalement nul comme accroche. « L’idéalisme bourgeois est de profiter de l’argent, pas toujours mérité. Je suis fière d’être fils de travailleurs qui nous enseignent les valeurs de l’argent et ses limites. » Si je continue je vais me transformer en Trotski. « La facilité de vie ne doit pas pécher par un excès de fainéantise des petits bourgeois que vous êtes, fils à papa qui se croient en mesure de juger les choix et les priorités des gens. » Ce que je raconte ne veux rien à dire. Du moins j’en ai l’impression. De toute manière vu le la montée de l’ambiance sonore je ne suis pas sur que quelqu’un m’entende, du coup me comprendre, il y a peu de chance. « Je ne dis pas que je connais tout de la vie, mais au moins je reste humble devant les situations qui me sont inconnues. Le respect devrait toujours avoir lieu dans les deux sens, et surtout du plus fort envers le plus faible. Vous, vous jugez les moins aisées comme des incapables. L’argent vous permet d’exposer votre mépris des autres et de dissimuler vos incompétences en vous plaçant sur un piédestal. »


Ils commencent tous à m’insulter. A me définir comme facho gauchiste. Vu le discours ils n’ont pas complètement tort. Je ne sais pas pourquoi j’ai sorti tout ça sous un aspect si déplorable. Ma réaction était stupide plus dans sa forme que dans le fond. Je sens qu’on me tire par le bras. La jeune femme m’entraîne dehors. Je regrette mes paroles. J’ai fait avec eux ce que je leur reprochais. Je les ai jugés. Je les ai mis dans le même sac. Nous sommes dans la rue désormais. On ne se dit rien. La lumière des lampadaires nous éclaire avec l’aide des voitures. Un grondement continue de sortir par la fenêtre. Je n’ose pas trop la regarder.


Suite

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