30 septembre 2006

Chapitre 6 : Coin de paradis en solitaire


Me voilà seul; sur la route des vacances. Je ne sais pas si j’ai dormi une heure, j’ai 12 heures de routes. Il est 8h, je conduis depuis trois heures déjà. Le brouillard est toujours présent. Je ne suis pas fatigué. Douze de routes, trop de temps pour cogiter. J’ai prévu de la musique mais je préfère le ton social de la radio qui vous donne une impression de présence. Je repense toujours à Céline. C’est définitivement fini. On a essayé de rester en contact. On ne sait pas compris. Etre avec elle me tenait trop à cœur. Elle s’en est rendu compte, peut être mieux que moi. Elle en veut plus me avoir à faire à moi. Je n’insisterai pas. J’ai sans doute continué à espérer qu’une relation amoureuse s’imposerait entre nous. Tout ces moments passés ensemble, depuis cette fameuse nuit, ont été ponctué par des maladresses et des incompréhensions. Aujourd’hui plus aucune chance qu’il se passe quelque chose. Il est temps pour moi de passer à autre chose. Ma vie change, ces vacances tombent à point nommé pour faire le point, c’est le moment d’établir une véritable rupture dans ce cycle de ma vie. Je sens que je change, que je n’aborde plus les évènements de la même manière. Je sens l’évolution psychologique mais l’importance que je lui porte est peut être sur dimensionnée. Il est probable que ces changements soient minimes en réalité.

Je m’en vais retrouver Valérie. Elle ne m’accueille pas chez elle, enfin chez ces parents. Je vais camper. D’ailleurs, je risque de ne pas passer autant de temps que je le souhaiterai avec elle. En perspective, quelques moments de solitudes, pas trop j’espère. Je vais endosser le rôle d’un ermite social, qui ne sera en fait pas totalement couper du monde mais certainement en retrait. Un voyage tout autant spirituel que touristique. Ce séjour me permettra d’être assez en décalage pour avoir un regard externe sur ce monde. Une vue d’ensemble objective des autres et de moi-même. Un travail d’introspection.

Me voilà arrivé, installé. J’appelle Valérie pour la prévenir. Elle peut me proposer uniquement une rencontre nocturne pour ce soir. Je préviens mes parents. Je la retrouve sur un parking. L’attente me paraît longue. Des voitures semblent se donner rendez vous en ces lieux. Ces rencontres sont suspectes, j’imagine le macro ou le dealeur donnant rendez vous. Des passages rapides, des personnes qui changent de véhicule. L’ambiance n’est pas très rassurante. La voilà. Je la suis en voiture jusque chez elle. On va se promener au clair de la lune, dans la lande voisine. Il est minuit, il fait bon. C’est notre première vraie rencontre. Le cadre est très agréable et l’horizon se découpe formidablement dans cette pénombre. La lune est pleine. Une lumière indispensable pour se déplacer facilement dans ce petit coin de nature. Au loin, on aperçoit une multitude de petites zones éclairées, comme le miroir du ciel étoilé. Pas de ville aux phares agressifs qui masqueraient la luminosité de cette nuit. C’est une rencontre sans gêne. On se parle comme si on s’était vue hier. Je sais à peine à quoi elle ressemble. La nuit nous entoure et nous protège, instant calme et apaisant. On ne reste pas très longtemps, je suis fatigué par mon trajet de 1000 Km et pourtant je sais que je vais avoir du mal à m’endormir.

Le lendemain, je reprends des nouvelles. Il va falloir que je m’habitue au rythme de vie des gens du coin. La chaleur commence à être étouffante. Je me rends vite compte que Valérie ne sera pas très disponible. Elle ne bouge jamais avant 18h. Je ne suis là que quelques jours. C’est la Canicule. Je ferais mes visites en solitaire. Solitude tout le jour. Voilà le mettre mot de ces vacances. Cinq jours.

C’est fini. Sur l’autoroute des vacances, mes bouchons vont dans l’autre sens. Bilan su séjour mitigé mais aucun regret. J’ai trouvé un coin de paradis, digne des cartes postales type Seychelles. Le lieu d’un repli sur moi-même. Un endroit calme au bord de l’eau. Un arbre les pieds dans cette rivière. Cette plage je ne l’ai pas foulée. J’aurais pu, mais mon point de vue était plus idyllique. Un lieu revigorant, un lieu d’apaisement, où j’ai passé les périodes les plus chaudes de la journée à lire, en attendant une heure plus propice aux déplacements. Il y a également eu ces moments passés avec Valérie et un de ses amis, un type totalement in love mais qui n’a plus aucune chance, sauf celle de souffrir. J’espère qu’il ne s’est pas senti en dangers avec moi. Je le plains et c’est que ce garçon aurait pu être moi. Il n’avait pas à se sentir en compétition avec moi, puisque cette rencontre était purement amicale. Pas de sous entendus, rien qui n’aurait pu nous mettre mal à l’aise. J’ai tout de même eu le droit à un tête à tête hier soir, avant mon départ. Discussion encore plus complice. Je ne regrette rien même si je n’ai pas aussi bien géré la solitude que je ne l’aurais cru. J’ai craqué un soir, ça ne m’arrive jamais. Il fallait que ça arrive, j’avais besoin de me sentir seul pour me vider. Je ne sais pas si cette étape marque une rupture dans ma vie. Il est encore trop tôt pour s’en rendre compte. Une chose cependant est certaine, cette petite introspection m’a permis de me recentrer. Mon inconscient en a peut être ressorti plus de chose. Mon rapport aux autres a évolué, ils ne s’en apercevront sûrement pas. Je rentre purgé de mes états d’âmes si lourds à porter parfois. Il ne reste plus qu’à en trouver d’autres, pour ça pas de souci, j’ai une entière confiance en mon esprit pour me remettre des bâtons dans les roues. Je me rapproche u peu plus d’un Carpe Diem, mais mon désir d’avoir un contrôle, de toute manière illusoire, sur ma vie est toujours dominant. Je reviendrais en ces lieux me promener, je ne serais plus seul, une main dans la mienne que je guiderais au milieu de cette si belle région.

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23 septembre 2006

Chapitre 5 : Crépuscule amoureux


Une lumière douce envahis lentement les petites ouvertures du capitonnage nocturne de la pièce. Les yeux, appelés par cette aurore, s’entrouvrent, se fixent sur le réveil. Le regard dans le vague à la recherche de l’image de son visage. Il semble se construire à travers la pénombre ses courbes se dessinent tendrement dans une volupté irréelle, fondamentalement irréelle.

Le coma matinal se dissipe peu à peu laissant place à un irrémédiable désenchantement de tous ces réveilles, ces retours à la vie morne sans ce regard fuyant de tristesse. Combien d’endormissement, combien de réveils passés à penser à cet amour que je ne sens pas mais que je recherche désespérément au plus profond de ces yeux. Mais elle n’est pas là. Une absence physique qui pèse sur cette présence spirituelle incessante, indécente. Rien ne me permet d’espérer son amour et pourtant c’est celui là que je cherche. Rien ne me prédit mon amour pour elle et pourtant c’est celui-ci qui m’obsède.

Je ne sais si ce matin ressemble à tous les autres mais il en a le goût et la saveur. Cette sensation d’obstination interminable demeure. Nul délivrance ne semble exister pourtant aucun sens ne parait diriger cette manœuvre de l’esprit cherchant a restituer ces pales souvenirs d’une si courtes rencontres. La mémoire veut retrouver les sensations de sa présence mais aucune sensation ne prend de sens. Ce ne sont que des impressions du vécu qui envahissent l’esprit. Ils ne traduisent plus la réalité des évènements, et ne sont que pure construction de l’imaginaire.

De cette nuit révélatrice, il ne reste plus que des images et des sons tel un film que l’on regarderait tout en dormant, une vision approximative de l’histoire, dépourvu de tout ce qui fait l’intensité des rapports humains liée au cinq sens de la vie. Où est passé son odeur, sa chaleur, sa douceur ? Au fond de ma mémoire ? Mais coincé au plus profond de mon être d’une manière si perfide qu’elle est impossible à retrouver. Impossible !!! Peut être pas tant que ça. Sinon comment expliquer cet engouement insaisissable pour cette aventure d’une nuit qui signifie tellement plus pour mon esprit. Pourtant, je me rappel chaque geste, chaque réaction mais ne les ressent plus. C’est peut être ça le plus dure. J’essaie mais sans cesse mon esprit s’arrête à ce film.

Je me souviens de cette soirée, tout son cheminement. Depuis cette attente en sa présence jusqu’à la libération du début. Cette main se serrant dans la mienne sans tiédeur sans moiteur, d’une assurance déconcertante qui surprend tout d’abord mon cœur pour le fidéliser en un rythme soutenu mais régulier. Je me souviens de sa joie et de son excitation sur le chemin du retour. Toute sa vitalité si habituelle chez elle, dévoilé et ouvert à tout, en cet instant. Puis vient ce jeu d’assurance supérieur, où son calme domine le mien dans une courte feinte d’indifférence aux événements avant de décider de s’abandonner à mes bras. Je me souviens de la douceur de ses bras au contact de mes mains fraîches ; de sa peau tendre sous mes baisers, de ses lèvres suivant les mouvements avec précision. Tout ceci m’aurait suffit à cet instant mais elle me donna encore plus, insinuant en moins une peur que je redoutais et une confiance que j’attendais. C’est ainsi, que nous sommes retourné chez elle, enjoué, elle l’exprimant plus que moi. Et que tout est arrivé naturellement.

Tout était parfait et pourtant notre première nuit fut aussi synonyme de rejet, dont les causes étaient claires mais dont je ne percevais pas encore la signification réelle pour mon être intérieur. Déçu mais compréhensif, aucune des fautes qu’elle semblait si honteusement d’avoir commise ne parurent aussi désastreuse qu’elle ne le pensait. Mais une fois l’extase passée le sens de son malheur commença à donner un sens au mien. A peine nos corps séparés, je l’ai sentie ailleurs, distante. Je ne sens le regret monter en elle. Elle est s’éloigne de moi se lève. Je vais pour la suivre. Elle s’excuse. Elle ne me regarde pas. Malaise. Tension soudaine, elle ne fait que s’excuser et me repousser. Je suis sous le charme depuis le premier regard. Envoûté pour de bon depuis ce soir. Maintenant, le cœur brisé de déception. Elle ne veut pas de moi. Elle pense à un autre. Je ne suis pas prêt à encaisser. Je ne réagis pas. Elle aime. Elle ne m’aime pas. Normal on se connaît tout juste. Elle ne m’aimera pas. Difficile à comprendre, son plaisir était évident tout à l’heure. Histoire d’un soir qui vous marque pour des jours, des semaines, des mois. Je sais déjà que je vais avoir du mal à m’en remettre. Cependant je ne la connais pas vraiment.

Malheureusement, ce mal être a lieu d’être puisqu’elle est la seule à m’avoir apporter se réconfort, cette agréable sentiment d’avoir pu intéresser le cœur d’une femme. Le doute inhérent à ma vie c’est dissipé l’espace d’une nuit ; mais il reparut aussi vite qu’il s’était éteint. Certes une confiance en l’avenir a pris place, mais une inconstance demeure toujours dans ma vie. J’ai trouvé cette femme formidable. Je ne la connais pas. Elle m’habite. Je ne la connais pas. Elle m’a insufflé un nouvel espoir. Elle détruit notre avenir. Pourquoi tant de volonté à la vouloir. Elle m’a approché, conquis, envoûté, jeté. Je ne la connais pas. Elle s’appelle Céline.

Déjà quelques jours, qu’elle m’a laissé tombé. On tente de construire une amitié. Je crois que j’ai des sentiments pour elle. Je suis tellement maladroit qu’elle risque de s’en apercevoir. De nombreuses sorties sont organisée. Des goûts communs, essentiellement musicaux. Jusqu’à ce festival. Ce concert. Allez voir Cali dans ces conditions fut une erreur monumentale. Nous sommes éloignés dans nos visions. Une séparation également physique pendant ce concert, elle n’est pas directement à côté de moi. J’aurais voulu la sentir prêt de moi, elle préfère se tenir éloignée. On craint tout les deux cette magnifique chanson. « L’Amour Parfait », qui nous renvoie notre relation très imparfaite. Ces paroles qui nous montrent l’échec de notre situation :

« J'ai si peur de continuer le chemin seul. Le bonheur s'agrippe trop mal aux gens seuls. Et j'implore, oui, j'implore de voir surgir enfin l'amour (….) j'attend que prenne le feu qui dévore le ventre. Il paraît que l'on ri, que l'on danse, que l'on pleure pour rien d'autre que le pur bonheur (…..) Est-ce toi ? Est-ce bien toi ? Si le prix à payer est de mourir étouffé de chagrin, on s'en fout, ça vaut le coup d'oser s'aimer maintenant, peut-être trop fort, mais d'y croire jusqu'au bout ».

Le retour est troublant, je sens qu’on est arrivé au bout. C’est la fin. Cette chanson à tuer mes espoirs et ouvert son regard sur mon état. Elle va mettre un terme à ma souffrance pour mon bien, pour son bien. Jeff Buckley nous accompagne pour ce dernier voyage mélancolique. La mort d’une relation. Je ne dis mot, je consens à cette fin qu’elle m’annoncera bientôt. Je n’ai plus le choix. C’est peut être ce qu’il y a de mieux pour moi.

La séparation est effective quelques jours plus tard. Les sanglots montent désormais à chaque écoute de cette chanson. Pourquoi l’écouter ? Pour se soigner. Pour se vider. Pour respirer. Pour repartir. Je la recroiserais peut être. On verra nos réactions. Demain, je pars en vacances. Moment privilégié avec moi-même en perspective. De longues heures de routes, pour un renouveau, peut-être pas. Pour un redémarrage, je l’espère.


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16 septembre 2006

Chapitre 4 : Rencontre pluvieuse


Comme toujours, j’arrive en avance. Une maladie ennuyeuse. Il ne me reste plus qu’à attendre. Le pire est que j’attendais déjà avant de partir. Au lieu de m’occuper l’esprit par de quelconques activités, seulement zieuter la télé par exemple. L’attente fait monter en moi un stress inutile. Je n’ai rien à perdre, je vais juste prendre un café avec cette Céline que je ne connais pas.

Dans cinq minutes, il sera l’heure ; Je descends. Je vais l’attendre patiemment à l’abri des arbres. La pluie cesse. Est-ce que je vais la reconnaître. Par chance le temps humide à nettoyer la place de ses passants habituels. Il est l’heure, pas encore arrivée. Elle a dix minutes de retard déjà. Quelqu’un s’approche un parapluie à la main. Pour l’instant ce n’est qu’une silhouette. C’est bien elle qui se dirige directement vers moi elle m’a repérée, je suis seul sur la place. Je la perçois d’une manière différente de la dernière fois. Je la détaille plus que l’autre soir. Elle a quelques kilos en trop apparemment. Des rondeurs qui ne me déplaisent pas. Toujours le même regard captivant. Elle m’accoste directement :


« - Tu n’attends pas depuis trop longtemps excuse moi pour le retard.


On se fait une bise. Elle semble à l’aise.


- Non, je viens d’arriver »


« - On va prendre un verre ? Tu as un endroit préféré ?


Sa voix n’oscille pas. Je vais encore paraître sans réelle personnalité à côté.


- Non pas d’envie particulière, on va où tu veux. »


On se dirige vers le bar le plus proche, un des moins économiques. Elle me laisse la place face à la télévision. Test décisif, où mon regard sera le plus attiré ? On commende touts les deux un thé. On ne se connaît pas du tout, toutes les présentations restent à faire. Métier, centre d’intérêt, etc.… en priant pour que la discussion glisse d’elle-même vers le naturel, sans l’appui de questionnement trop appuyé, trop lourd.


Pour l’instant, c’est elle qui gagne le combat contre la télé. La télé n’a pas d’aussi jolis yeux. Le courant semble bien passer. Elle a du caractère, j’apprécie, mais habituellement je ne suis pas très convaincant auprès de ce genre de fille. Ce n’est pas que j’ai une expérience incroyable pour tirer ce genre de généralité mais pour le moment ça c’est toujours vérifié. Elle semble pleine de vie, quoiqu’un peu aigries par certains côté, elle se plaint un peu. Le temps passe vite. Plus de deux heures de discussion déjà. Il va falloir que l’on se sépare avant de ne plus trop savoir quoi dire. Peur du blanc qui met mal à l’aise. Peur de tourner en rond déjà. Je m’apprête à balancer une excuse pour couper court à une entrevue qui pourtant me convient. Elle me devance prétextant des courses, c’était mon excuse à moi aussi. Je paye la note, ça me fait réellement plaisir de l’inviter. Une bise à la sortie du café et nous nous séparons, repartons chacun de notre côté. Nos regards se sont croisés presque gêné. L’espoir de la revoir monte en moi. La pluie s’était arrêté reprend doucement. J’arrive presque chez moi au moment où la fine bruine se transforme en pluie plus raide. Je ne sais pas ce qu’elle a pensé de moi. Du bien certainement, mais est ce suffisant. Je ne sais pas si j’aurai le courage de la rappeler. Un sms sera plus facile pour la recontacter, mais dans combien de temps ? Peut être me rejoignera t’elle avant ?


Il est 21h, pas de nouvelles. Je craque, je suis nul. « Merci pour cette agréable échange de fin d’après midi. A bientôt ? » Maintenant si elle ne me répond se sera encore plus dure à vivre. Elle a compris maintenant que j’étais intéressé.


Au bout de 2 jours, toujours pas de nouvelles. Je ne sais pas si je dois faire le lourd et appeler. Je vérifie sans arrêt si mon portable fonctionne. Je tourne en rond dans mon appartement. Je commence à abandonner l’idée de la revoir. Je n’ai pas du être convaincant. La réciprocité est toujours difficile à trouver. Il faut que j’arrête de me prendre la tête. Un verre de payé pour rien. Non ce n’est pas vrai j’ai passé un agréable moment et c’est déjà ça de gagner. Mon mobil claironne. Un message. C’est Céline…


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10 septembre 2006

Chapitre 3 : Le petit papier


Ma voiture est en panne. Je vais repousser mes vacances. Valérie, que je devais aller voir, n’est pas disponible. Je vais repousser de deux semaines. A vrai dire, au vu des derniers évènements, ça m’arrange, il y a cette fille à rappeler. Je vais peut être avoir une relation à débuter, qui sait.


Je ne sais pas trop quoi faire. Il faut que je lui téléphone, ne pas utiliser les sms. Je suis un peu tendu. Je ne sais pas si je vais avoir le courage de lui parler. Pourtant ça devrait être plus simple que l’autre fois au bar ; elle ne serra pas en face de moi. De plus, elle a fait le premier pas, donc je n’ai rien à craindre pour le moment, au contraire elle a montré son intérêt à mon égard, pour le premier rendez vous c’est quasiment joué d’avance.


Je prends mon portable. Où est le numéro ? Putain, je n’ai tout de même pas paumé ce si précieux sésame. Où est ce que je l’ai posé? J’ai beau retourner l’appartement dans tout les sens, impossible de remettre la main dessus. Où est ce que je l’ai rangé ? Dans ma veste, oui bien sur, je l’ai remis dans ma veste, là où je l’ai trouvé. Non, il n’y est pas. Je ne suis qu’un gros nul. Pour une fois qu’une jeune femme s’intéresse à moi, et en surtout une femme qui ne me déplait pas, il faut que je fasse une connerie pareil. Quel abruti, je ne pouvais pas le rangé dans un endroit sur. Je m’affale sur le canapé dégoûté. La tête plantée dans les coussins j’hurle ma détresse. Un son étouffé, un goût de synthétique dans la bouche. La tête se détourne vers la table de salon. Je perçois le cd de Bazbaz qui traîne sur la table, Margaux me l’a rendu il y a une semaine, je ne sais même plus si elle me manque. Je décide d’aller m’acheter quelques livres. Je prend ma veste, et oh surprise voilà le petit papier, tomber au pied du fauteuil. Sauvé. A force de tergiverser et de le manipuler j’ai failli perdre cette chance qui m’est offerte de rencontrer cette fille qui m’intrigue. Qui donc peut s’intéresser à moi juste sur une impression émanant de mon physique inexistant, ni beau ni moche. J’aurais mieux fait de téléphoner directement sans réfléchir, ou au moins d’entrer le numéro dans mon mobile. Je vois l’heure sur la pendule, 12h30 déjà. Je ne vais pas l’appeler maintenant, je risque de la déranger en plein repas. Je vais attendre au moins une heure.


Il ne me reste donc plus qu’à attendre patiemment. Je ne me souviens pas très bien d’elle. Seul son regard retenait mon attention la nuit dernière. Je cherche le plus souvent à jauger le regard des femmes que le reste. Non pas que le physique est sans importance, je pense qu’il faut être hypocrite ou très moche (et encore) pour penser que le physique ne compte pas. Mais je ne suis pas du genre à mater la poitrine, sauf si on ne me donne que ça à regarder, moi je mâte les fesses. C’est tout de même plus excitant. Le problème, que ce soit les fesses ou la poitrine, que ces parties du physique ne laisse rien échapper de la personnalité de la personne, quoique. A vrai dire je n’ai pas franchement de critères de beauté. Je suis tout de même sensible au superficiel, il faut être honnête, mais plus en terme de rejet que de volonté absolue d’attributs. Une fille obèse va me repousser, rien que de le penser je trouve ça monstrueux mais je suis réaliste, surtout que moi avec mon gabarit. Néanmoins, une fille ronde, même pouvant peser plus que moi, peut m’intéresser, ronde, maigre, sportive pas de réelle différence, la beauté ne connaît pas de tels critères dans mon esprit. Par contre, la présentation joue un rôle non négligeable. Le maquillage à la truelle, surtout pratiqué sans CAP de peintre en bâtiment, crée des dégâts irrémédiables, c’est la fuite assurée.


Mais elle ne m’a pas donné envie de fuir. Je me souviens peut être de rondeurs, je ne pourrais l’affirmer. Elle ne sait pas si elle me plaie vraiment, elle ne me déplait pas c’est sur, elle m’intrigue tellement que je vais lui téléphoner.


Que vais-je lui dire ? Je l’invite direct à boire un verre ? Je lui fais la discussion ? Sur quel sujet ? Je ne connais que son prénom. En fait ce n’est si facile d’entamer une discussion avec quelqu’un que l’on ne connaît pas du tout, mais en plus si on ne peut pas voir ses réactions commence savoir si on ne fait pas des gaffes ou si on est vraiment très chiant. Et si elle regrettait de m’avoir laisser son numéro ? Et si elle n’était pas très intéressante au téléphone, je l’invite ou pas ? Et si elle était déjà avec quelqu’un et qu’elle ne faisait ça que pour allumer les mecs ? Et si je commençais par arrêter de réfléchir et de me poser des tas de questions sans réponse qui ne feront pas avancer la situation et qui ne servent qu’à une chose : reculer. Mais tais toi ! Qu’est ce que j’envie les instinctifs.


13h29, je vais téléphoner. Et merde qui est ce qui ose m’appeler, je ne réponds pas c’est ma mère, elle va encore plus me stresser. Bon, je n’ai pas quitté le papier cette fois, je n’avais pas envie de le perdre et il est tout humide, tellement stressé que la sueur a imbibé le papier et l’encre s’est étalée sur la page. Le numéro n’est pas trop visible. On arrive tout de même à lire à peu prés, heureusement je le connais déjà un peu à force de le regarder. Bon j’ai envie de pisser, je vais y aller avant pour être à mon aise.


Enfin paré pour l’aventure, c’est naze j’ai juste un coup de fil à passer. J’ai une vie palpitante. Je compose le numéro, je vérifie sur le cadran que les chiffres sont identiques à ceux du petit mot, évitons la désillusion du mauvais numéro. Allez c’est partie. Première sonnerie. C’est bon le portable est allumé. Deuxième sonnerie. Au moins elle n’était pas accrochée à son portable à m’attendre. Troisième sonnerie. Elle cherche peut être son portable dans son sac. Quatrième sonnerie. J’espère que je ne vais pas déranger. Cinquième sonnerie. Et merde je n’ai pas prévu le message pour le répondeur, serein et détendu. Répondeur. « Vous êtes bien au O6……. » Qu’est ce que je fais. Je raccroche, je n’aime pas les répondeurs. Elle ne saura pas qui l’a appelé. Elle ne saura pour qu’elle petit papier est ce coup de téléphone. Et oui si elle fait le coup à tout le monde. Je réessaierai plus tard, mais il faut que je prévoie un texte à laisser sur la messagerie, clair et détendu. Je ne sais pas quoi dire, je hais les répondeurs. Je ne suis pas à l’aise au téléphone mais si c’est pour parler à une machine c’est encore pire. Je vais dire « Bonjour, je suis Laurent, l’inconnue du St Patrick de la nuit dernière, comme tu vois j’ai bien trouvé ton petit mot, je te laisse mon numéro, et de toute manière j’essaierai de te contacter plus tard bonne journée bye » Ca me semble pas mal, il faut que je sois détendu, serein, la voie claire. Je vais peut être attendre un peu avant de rappeler histoire de pas faire l’impatient.


Une heure que je tourne en rond, je vais essayer de retenter ma chance après un temps non précis, genre une heure et 13 minutes. Ce sont ces 13 minutes qui font toute la différence. Si je le faisais au bout d’une heure pile d’attente, ça ferait trop calculé. De toute manière cela m’étonnerait qu’elle calcule le temps entre les appels. Allez c’est bon, c’est le moment. Ca sonne, le portable est toujours allumé. Ca décroche.


« -Allo ? » C’est une voie d’homme.


«- Je suis bien sur le portable de Céline ?


- ouais, la voie est sèche et un peu agressive, c’est ma sœur elle est à côté, elle conduit, C’est qui ?


- c’est Laurent du Pub, il ne faut pas que j’en dise trop


- Elle ne connaît pas de Laurent. J’ai vraiment la poisse.


- Hier soir au pub avec le veste noir, et un papier dans la poche », mouais peut être un peu maladroit.


« - Je rappellerais plus tard, je ne vais pas déranger. »


Je ne sais pas ce que j’ai fais pour mériter ça. Tout me parait compliqué maintenant. Je me demande bien ce que je vais devenir avec le destin qui s’acharne sur moi. Ce n’est pas grave, après tout je ne la connais pas. Il faut que je me décide si je retente ma chance où pas. Au moins par politesse, il faut que je la recontacte. Bon je vais trouver une occupation. Normalement je devais être sur la route des vacances. Je n’ai rien de prévu. Je vais me mâter un film.


Il est 19h30, je réessaie après 20h. Le téléphone sonne, numéro qui n’est pas dans mon répertoire, c’est elle. Je laisse sonner deux fois encore.


« -Allo


-Bonjour c’est Céline, excuse moi pour tout à l’heure avec mon frère.


- Il n’y a pas de souci. Tu peux bien t’excuser.


- Si j’ai bien compris tu te nomme Laurent ?


-Et oui. Je m’excuse d’avance si je suis un peu timide mais je n’aime pas trop le téléphone. Mais pourquoi je raconte ça, je suis con ou quoi.


-Ok


- mais ça me fait plaisir de te parler, je me rattrape comme je peux


- tu préfère peut être que l’on se voit ? Elle a une voie assez sur.


- oui pourquoi pas aller prendre un verre, tu as un endroit préféré ?


- pourquoi pas au pub comme hier soir ?


- Je préfère dans le centre, je suis en panne de voiture, si ça ne te dérange pas. Pourvu qu’elle accepte où je ne sais pas si je vais réussir à m’arranger.


- Ok, on se retrouve place du jet d’eau ?


- Quand ?


-Ce soir je ne peux pas mais demain après midi, 16h ?


- C’est bon pour moi.


- On fait comme ça alors. A demain Laurent


-A demain, bonne soirée


- Bye


- Ciao »


Comment elle a dit mon nom. Elle a bien mis l’accent, en donnant un air plus doux à sa voie, sans en faire trop. Bon le jet d’eau ce n’est pas trop original et il y a beaucoup de monde qui se retrouve là bas. Mais normalement on ne devrait pas avoir trop de difficulté à se reconnaître puisqu’on s’est déjà vu. Je vais encore passé une nuit à me faire des plans et à tourner dans mon lit, histoire d’être sur d’avoir la même tête de déterrée que la veille au soir.



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