21 octobre 2006

Chapitre 9 : Dîner frissonnant


« - D’habitude je ne m’emporte pas comme ça. Je ne vois pourquoi j’essaie de me justifier, elle paraissait être de mon côté même si elle était beaucoup plus calme.


-Non, tu as eu raison de rabattre le clapet de ces prétentieux.


-Je ne sais pas si je leur ai vraiment fermé le clapet. On les entend discuter d’ici.


-Au fait, moi c’est Armelle, me dit elle avec un grand sourire


-Et moi c’est Laurent


-J’avais cru le comprendre.



Sans suit une discussion des plus banales pour commencer. Elle est étudiante en lettre moderne. Et surtout célibataire. On discute de tout et de rien. Je ne sais pas trop quoi dire. Je ne sais quel sujet aborder. J’en profite pour la décortiquer du regard. Elle a de jolies formes. Des petits seins semble t’il. Ca m’est égal, de toute façon j’ai des petites mains, si c’est trop gros je ne pourrais pas les prendre en entier comme j’aime. Voilà c’est fait je me fais déjà un plan cul alors que je la connais à peine. Il ne me faut pas grand-chose pour fantasmer. Elle se met enfin en pleine lumière, elle a des yeux magnifiques. Un bleu ravageur. Cupidon doit savoir se qu’il faut me mettre sous les yeux pour pas avoir trop de travail à faire.


Il fait un peu froid. On commence tout les deux à frissonner. Elle m’invite à casser la croûte chez elle. Elle habite à côté. Un bon moyen pour casser la gêne qu’il y a entre nous. J’accepte évidemment avec plaisir. Elle me fait un grand sourire avant de me préciser qu’elle me fera un repas d’ouvrier, pour rester dans l’ambiance. On rigole légèrement tout les deux. Je lui réponds qu’un repas d’étudiant fauché me convient également. On sait que le repas n’est que pour la forme. Je la suis tout en hallucinant. On vient de se rencontrer, elle m’emmène chez elle. Pourtant je ne corresponds pas au type débordant de sex appeal ou ayant la tchache nécessaire pour réaliser ce genre de coup de maître. Se faire inviter par une inconnue à dîner en tête à tête, seul, chez elle. Elle n’a pas froid aux yeux. Il a suffit que je me lâche complètement, on peut dire stupidement, pour susciter un tel intérêt. Il faudra que je reteste cette méthode si j’en ai l’occasion.



Je la suis dans son studio. Un peu de désordre. Elle s’en excuse. Tout en récupérant les quelques vêtements qui traînent. Elle débarrasse sa table de cuisine-bureau de ses cours. « Installe toi. » Elle me tire une chaise et se dirige vers le coin cuisine. Sort une casserole, met de l’eau à bouillir. « Ton souhait va être exaucé, un vrai plat d’étudiante fauchée, des pâtes ». Je m’en fous et j’acquiesce bêtement avec un petit sourire. Elle met de la musique. Une sorte d’opéra rock métal traverse les enceintes de ce petit poste. Je ne suis pas fan mais c’est supportable. Je recommence à l’examiner. J’apprécie encore mieux ses courbes. Les formes de ses fesses se dessinent très bien dans ce jean serré. Je me rends compte que j’aime réellement les rondeurs, dans la limite du raisonnable. C’est préférable aux tas d’os, pâle copie de notre ami Oscar des salles de Sciences naturelles. J’ai envie de toucher et de laisser mes mains se balader.


C’est prêt, nous mangeons l’un en face de l’autre. A nouveau, je me noie dans ce bleu. Nous n’arrêtons pas de bavasser. La gêne du début s’est beaucoup estompée et je me surprends d’une telle aisance oratoire. Je crois que notre entente est vraiment très bonne. J’imagine les autres se demandant se que l’on devenait, fières de leur victoire. Le plus grand nombre à toujours raison, la preuve nous sommes partis. Un monde où le plus grand nombre aurait raison serait voué à une stagnation, voir une régression sans les génies pour nous faire évoluer. Un monde où on est tous formaté, obligé d’écouter Céline Dion, la Star Ac ou Obispo. Je n’ai rien contre eux. Mais les apports d’artistes comme Pink Floyd, Led Zeppelin, Janis Joplin, des extra terrestres. Et que dire des Einstein, Copernic, Galilée, Newton et autres Eratosténe. La planète serait toujours plate, Bush ne serait pas Président des USA qui n’existerait pas puisque pas découvert pas les Européens. Remarque il y aurait quelques bons côtés finalement.


J’imagine les ragots qui circulent déjà. Un gars et uns fille qui disparaissent d’une soirée, ça fait jaser. Dans un sens, je ne serais pas contre le fait que ces quolibets soient fondés. Je commence vraiment à avoir des idées derrières la tête. Je ne sais pas si c’est pareil pour elle. Il est peut être préférable de fuir avant de faire une bêtise. Je lui dis que je vais la laisser en me levant. Je n’ai pas vraiment envie de partir. Mais il commence à se faire tard et demain je travail. Je ne suis plus étudiant, je n’ai plus l’habitude d’enchaîner couché tard et levé tôt. Elle insiste pour m’accompagner. J’essaie de la convaincre de rester au chaud, par politesse, même si je trouve ça plutôt bien qu’elle m’accompagne. Elle a décidé de descendre. Elle m’emboîte le pas.


Devant ma voiture, un peu vieille et totalement délavée, on recommence à discuter, je pense que l’on cherche à retarder au maximum le moment de la séparation. Le froid m’englobe lentement. Je n’ai pas de pull. Il est dans la voiture mais si je l’ouvre ce sera le mouvement du départ qui sera enclenché. Je me sens bien ici avec elle. J’ai la sensation que mes organes vont geler. La rue est éclairée, juste assez pour donner une ambiance intime. Malheureusement toutes les deux minutes une voiture passe, toujours roulant un peu trop vite et perturbe quelque peu l’échange.


Je commence à frissonner. J’essaie de ne pas le montrer. Je veux faire l’homme fort. Je pense à un endroit chaud. Première idée qui me vient à l’esprit, un lit. Je ne sais pas si c’est le bon moment pour se fixer la dessus. Je tente de me détendre pour limiter la chaire de poule et les crispations, en vain. Elle ne s’arrête pas de parler. Je l’écoute sagement dans ce blizzard automnal. Il fait à peine 10 degrés, je suis en chemise, j’ai froid. Elle a vu que j’étais frigorifié. Un passant arrive et écourte notre conversation ou plutôt la sienne. Je saisis l’occasion pour mettre un terme à mon calvaire. On se fait la bise. Au moment où je recul elle dépose un baiser sur ces doigts pour me le poser sur mes lèvres.


Mon cœur s’arrête. Plus rien ne bouge. C’est le chaos. Le temps semble figé un instant. Que se passe-t-il ? A-t-elle déjà un ressenti particulier à mon égard ? Soudain, je prends conscience de la tête d’ahuri que je dois tirer. Il faut se ressaisir. Elle est posée devant moi. Elle attend sûrement que je réagisse. Elle reste muette. L’atmosphère paraît plus lourde qu’avant. Le froid je ne le ressens quasiment plus. Elle a un sourire un peu inquiet qui apparaît doucement sur ces lèvres. Il faut que je réagisse. Le silence est pesant. Je relance la conversation. Le flot reprend. Je parle, acquiesce. Je ne sais pas vraiment de quoi nous parlons. Mon cerveau est coupé en deux. Une partie réagit à son environnement de manière réflexe. L’autre reste intrigué par la situation et cherche une solution. Je tremble de plus en plus. Je suis comme figé par le froid. Mon cerveau incapable de prendre une décision. Je suis une statue grelottante. Je sens qu’à nouveau la fin arrive. Que faire ? Le temps des au revoir est imminent. Je l’embrasse ou pas ?


Je me penche vers elle. Je ne sais pas encore où je vais les poser. Encore une hésitation. Quel nigaud je fais. Mes lèvres se posent sur les siennes. Elle accompagne volontiers mon baiser, qui devient plus le sien. J’ai les jambes qui flageolent. Mon corps devient sismique. Le froid et l’émotion me font vaciller. C’est un tremblement de terre dont le foyer est le cœur battant la chamade, et l’épicentre nos lèvres collées. Je la serre contre moi. Je me retiens à elle. J’en profite pour récupérer de la chaleur. Je ne sais plus ce qui m’ébranle le plus, le froid ou le baiser.


On se désunit. La voix devient plus douce, plus sucrée. Les regards sont plus francs. Les sourires comme agrafés aux visages. Je n’ai plus trop envie de partir. Il faut que je rentre mettre au chaud, me reposer pour aller travailler. Je me sens bien dans ses bras, sur ses lèvres, dans le creux de son cou. La séparation est dure, mais la raison refait surface. J’ai trouvé quelqu’un, je peux m’en retourner sereinement.



Je ne m’attendais pas à ce genre d’évènement ce soir. J’ai quelque chose de sérieux qui semble se dessiner. Je vais pouvoir dormir comme un loir. Au revoir les questions sur mon célibat. Bonjour, les interrogations sur cette jeune femme. Je suis tellement sur que ce n’est pas une rencontre passagère. Je me surprends à penser qu’elle peut être la bonne. Je ne la connais que depuis quelques heures, même quelques minutes, je ne la connais pas en gros. C’est peut être ça un coup de foudre. Pourtant je n’ai pas la sensation d’avoir été foudroyé. Peut être suis-je naïf. Aussi inconscient qu’un adolescent. Ce ne serait pas la première fois que cela m’arrive. Je suis impatient de vivre cette aventure. Je n’ai aucun doute. Ce n’est pas normal. Moi l’homme au milles questions à la seconde. A quoi bon s’inquiéter.


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14 octobre 2006

Chapitre 8 : Un débat, une rencontre


C’est quand on s’y attend le moins qu’on rencontre le plus souvent les personnes les plus intéressantes, et parfois juste là, cachées dans notre entourage. Une soirée chez une amie. Une pièce unique de studio d’étudiant, où tout est à porté de main. Lieu de vie précaire et conviviale. Beaucoup, on connut ces charmes de la vie étudiante, le lit canapé, les poubelles à un lancé de la couche, utile pour jeter ces déchets quand on dort, une salle de bain qui ne devrait pas porter ce nom, tant il est inconcevable de s’allonger dans cette antre réduite au stricte minimum. Une pièce remplie avec très peu d’ami, mais l’impression d’être une quarantaine. Un studio qui ressemble à un ascenseur d’hôpital, vaste et toujours rempli.


Je ne suis plus étudiant et me voilà de nouveau dans cette atmosphère. J’ai perdu depuis peu cette vague inconscience qui habite ces jeunes. Et moi je ne suis plus jeune ? Peut être un peu encore. Même si les problèmes financiers font partie du quotidien de la plus part des étudiants, ils conservent cette absence d’inquiétude pour le lendemain, le stress de la vie active ne monopolise pas encore leurs esprits.


Soudain, après une demi heure de discussion avec cette ordre d’universitaire, je me rend compte que la plus part de ses personnes sont issus de famille aisée, les parents sont avocats, PDG, directeur…. ce n’est pas un crime. Moi je suis issu de la classe moyenne, celle qui a conscience de ce que pourrait être une vie avec moins, et qui ne se sent pas toujours le droit de se plaindre. Je ne suis pas d’un milieu défavorisé, mais mes parents n’ont pas pu me payer la totalité de mes études et ont apportés le soutien qu’ils pouvaient. Pourquoi cette réflexion, tout simplement parce que la discussion est arrivé sur les jobs d’été. Ils pratiquent parce que «Père » ne leur a pas laissé le choix, ou pour montrer qu’ils pouvaient se passer de leurs parents. Pourquoi pas, après tout chacun ces raisons et ces idées. Mais pour beaucoup, ce travaille est une véritable nécessité, pas pour eux et on le sent bien dans le discours. Pour eux, ça leur donne l’argent de poches nécessaire pour partir à Ibiza, le billet est tout de même offert par « Papa ».


D’un coup, je me sens supérieur à ces fils à papa. J’ai tort, c’est seulement du mépris, peut être de la jalousie, non seulement du mépris. Surtout pour celui qui me sort qu’il faut « vraiment être abruti pour aller travailler en usine, c’est vraiment pour ceux qui n’ont rien dans la tête ». Une partie rigole. Je suis dépité. Je me tais pour le moment.


Soudain la maîtresse du studio, c’est elle qui m’a invité, une de mes rencontres internet. Lors de notre rencontre elle est venue accompagnée, c’est sur sa copine, Isabelle, que j’ai accrochée. Elle nous parle de ses vacances et dit :


- « Je ne comprend pas Isabelle, elle m’avait pourtant promise de me rejoindre à Barcelone cet été. Ca aurait trop bien qu’elle vienne au moins quinze jours. Sur les deux mois que j’ai passé là bas.


- Au fait, tu as trouvé facilement du travaille sur place ? Je lui lance sans l’air un peu hésitant m’attendant à une réponse qui ne me surprendrait pas.


- Non, je n’ai rien trouvé de convenable, il n’y avait que des jobs de serveuses de disponible. Je ne suis pas trop conne, je voulais pouvoir profiter de mes vacances. Mais ce n’est pas un problème puisque finalement Papa m’a tout payé.


Je me remémore une sortie avec Amélie, un après midi de mai où je l’ai un peu accompagné dans les magasins pour trouver un cadeau d’anniversaire pour Isabelle. Alors qu’elle regardait la vitrine d’un magasin de vêtements, pour elle, elle me dit :


- « j’ai trop envie de cette robe !!! C’est bon je craque, je demanderais de l’argent à mon père.


- Faut ce que tu veux, lui ai-je dit d’un air blasé. Je voulais surtout qu’elle se dépêche.


- Je me rends compte que l’argent est tout de même indispensable au bonheur, j’en suis convaincue maintenant, je ne pourrais pas vivre avec un type qui ne gagne pas bien sa vie. »


J’étais ahuri par cette réflexion, ce jour là elle est tombée dans mon estime. J’essayait de faire le lien entre la superficialité de cette fille de vingt ans et son désire de partir en mission humanitaire pour aider les plus démunie. Il est vrai que beaucoup de personnes de milieu aisé veulent faire de l’humanitaire, probablement un problème de culpabilisation vis-à-vis de leurs chances de vivre dans un certain luxe, mais j’espère que le plus part on un regard différent de cette gamine pourrie gâtée. Dans le cas d’Amélie, je me demande si ce n’est pas une volonté de se sentir supérieure ou de manière inconsciente pour apprécier encore plus ce qu’elle a. Souhaitons que ce voyage, si elle trouve le courage de la faire, lui fasse changer sa vision de la vie. Mais je doute qu’elle réalise se projet un jour. Cette envie est plus un caprice de jeune fille perdue dans un monde doré.


Suite à la réflexion, d’Amélie sur Isabelle qui n’est pas venue la rejoindre, un acquiescement général commence à envahir la pièce. Je décide de prendre la défense de l’absente. Elle a du annuler sa venu au dernier moment, à mon grand regret, elle a été appelée pour faire un extra au restaurant où elle passe tout ses week-ends pour gagner de quoi manger :


- « Elle a travaillé pratiquement tout l’été, elle voulait mettre un peu d’argent de côté pour passer son permis. Le voyage n’était probablement pas dans ces moyens.


- Un billet de train ce n’est pas si chère, et elle aurait dépensée tout au plus 400 euros pour son séjour, c’est que dalle, me rétorque un grand maigre qui de suite m’est antipathique.


- Des vacances à Barcelone dans de telles conditions ça ne se loupe pas, me lance un autre, il faut être stupide pour ne pas faire la part des choses et ne pas sauter sur une occasion pareille.


- Et de toute manière je ne vois pas pourquoi elle passe son permis, réplique le grand maigre, si elle n’est pas capable de mettre 400 euros pour un petit voyage elle ne pourra jamais avoir de voiture potable.


J’étais déboussolé par temps de niaiseries. Je ne savais pas que l’on pouvait réunir toute la bêtise du monde dans un si petit lieu. J’ai voulu continuer ma plaidoirie :


- « Vous rigolez ou quoi, 400 euros c’est déjà pas mal, surtout quand on bosse comme un malade pour payer ces études.


- Au pire tu fais un prêt, c’est les parents qui le rembourserons, reprend le grand maigre. Et de toute manière si on a pas les moyens on ne fait pas d’études qui ne serviront à rien.



J’étais hors de moi, presque au sens premier. Des arguments plus insensés les uns que les autres ont continués de fuser de tout les sens. Je me sens un malaise m’envahir ; Ne sachant plus ou donner de la tête. Un vrai cauchemar. Mes yeux s’écarquillent, je me prépare à tous les incendier de bêtises aussi grosses qu’eux. J’aperçois sur le côté une jeune femme qui me regarde, l’air compatissant. Elle est assise en tailleur sur le sol. Elle plonge son visage dans ses mains avant de me jeter un regard plein de dépit. Ces lèvres esquissent un sourire rempli de désarroi. Elle secoue légèrement la tête. Elle semble aussi atterrée que moi. Son sourire crispé se desserre. J’entends le flot continu de parole provenant de ces blasphémateurs de la condition humaine, mais les mots n’ont plus de sens, plus de consistances. Ma communication ne ce fait plus que par le regard avec cette camarade de lutte. Elle tente de me venir en aide en prenant la parole, mais personne ne la laisse s’exprimer. Les paroles s’estompent peu à peu. Le calme revient. Mon voisin se penche vers moi et me dit. : « Tu vois bien que nous avons raison. On est majoritaire. En plus, c’est ceux qui ont le pouvoir qu ont raison, on a l’argent donc le pouvoir. »


Elle se lève et commence à prendre ses affaires. Je suis déjà debout et je déclare d’un ton sur, un discours pas du tout préparé, je sens que je me lance dans le n’importe quoi et pourtant je ne m’arrête pas :


« Je me rend bien compte que l’égalité des Hommes est une utopie ». C’est stupide ce que je raconte mais tout le monde est d’accord avec ça apparemment. « Tant que le pouvoir sera laissé à une bande d’égoïstes sociaux qui ne pense qu’à conserver leur suprématie en suivant le St Père billet vert le monde ira mal. » C’est totalement nul comme accroche. « L’idéalisme bourgeois est de profiter de l’argent, pas toujours mérité. Je suis fière d’être fils de travailleurs qui nous enseignent les valeurs de l’argent et ses limites. » Si je continue je vais me transformer en Trotski. « La facilité de vie ne doit pas pécher par un excès de fainéantise des petits bourgeois que vous êtes, fils à papa qui se croient en mesure de juger les choix et les priorités des gens. » Ce que je raconte ne veux rien à dire. Du moins j’en ai l’impression. De toute manière vu le la montée de l’ambiance sonore je ne suis pas sur que quelqu’un m’entende, du coup me comprendre, il y a peu de chance. « Je ne dis pas que je connais tout de la vie, mais au moins je reste humble devant les situations qui me sont inconnues. Le respect devrait toujours avoir lieu dans les deux sens, et surtout du plus fort envers le plus faible. Vous, vous jugez les moins aisées comme des incapables. L’argent vous permet d’exposer votre mépris des autres et de dissimuler vos incompétences en vous plaçant sur un piédestal. »


Ils commencent tous à m’insulter. A me définir comme facho gauchiste. Vu le discours ils n’ont pas complètement tort. Je ne sais pas pourquoi j’ai sorti tout ça sous un aspect si déplorable. Ma réaction était stupide plus dans sa forme que dans le fond. Je sens qu’on me tire par le bras. La jeune femme m’entraîne dehors. Je regrette mes paroles. J’ai fait avec eux ce que je leur reprochais. Je les ai jugés. Je les ai mis dans le même sac. Nous sommes dans la rue désormais. On ne se dit rien. La lumière des lampadaires nous éclaire avec l’aide des voitures. Un grondement continue de sortir par la fenêtre. Je n’ose pas trop la regarder.


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08 octobre 2006

Chapitre 7 : Le désarroi nous mène derrière un ordinateur


On ne peut pas dire que je sois réellement seul dans la vie, je reste entouré par ma famille et mes amis. Pourtant c’est un sentiment qui m’habite depuis toujours. Mes parents me soutiennent mais ne me comprennent pas. Je ne leur montre pas mon visage dans toute sa vérité. Je me sens souvent inexistant. Je ne sais d’où vient ce sentiment. Cette solitude au milieu des autres n’est pourtant pas une fatalité dans mon esprit. Je considère que la vie à deux pourrait bouleverser cette conception. « Le bonheur s’accroche si mal au gens seuls » nous chante Cali. Actuellement elle prend tout son sens dans mon existence. J’ai même la sensation que cette aventure avec Céline, ait intensifié cette impression. C’est peut être tout simplement la réalité.


Aujourd’hui je vis mal mon célibat. En partie en raison de l’image que je me fais d’une vie réussit ; marié, des enfants, un métier choisi, des projets. En fait la routine ne me fait pas peur. De toute manière que l’on soit seul où en couple cette routine est partout, elle rythme toute les vies ou presque. Elle rassure. Je ne suis pas assez courageux, assez aventurier pour prendre de tel risque. Tout ceux qui se utilise cette excuse pour mettre fin à une relation ou pour ne pas s’engager dans une relation. Une excuse qui montre une incapacité à s’assumer.


Est-ce que moi je suis prêt à m’engager, j’aime le croire. Mon incapacité à trouver quelqu’un provient peut être inconsciemment de cette peur. Ce serait peut être le cas si je collectionnais les conquêtes. Hors mon voyage dans les territoires féminins restent à ce jour peu nombreux. Je ne suis pas un explorateur. Mes difficultés commencent déjà à l’origine. La rencontre.


Je ne crois plus en moi. J’ai déjà séduit, l’aventure avec Céline est encore une preuve de ma capacité à plaire. Je ne m’aime pas. Je suis plutôt un type bien quand j’écoute se que raconte les autres femmes, quand elles parlent des hommes qu’elles rencontrent. Je n’envoûte pas. Je suis gentil. Je ne plaie pas. Mes qualités ne rattrapent d’aucune manière cette immonde banalité. Ce goût d’inintérêt que je laisse autour de moi est pire que l’abomination, je n’atteins pas le merveilleux. Je laisse indifférent en général, je suis fade, sans saveur qui attire ou gêne. Je n’évoque même pas de ressentiment, je suis invisible. Je ne laisse pas de véritable trace dans l’esprit des gens. C’est une chose qui peut sembler presque plus insoutenable que l’aversion. De moi, on ne pense rien ; rien qui n’ai besoin de réflexion, d’admiration ou de dégoût.


J’exagère un peu, je ne suis pas au niveau d’un Grenouille dans Le Parfum de P. Suskind, je ne vais pas me transformer en meurtrier. Peut être que ce sentiment exacerbé provient de cette société moderne qui semble se diriger vers un amas d’individualités qui ne prennent conscience des autres uniquement si elles sont directement concernées par leurs actions. Je critique, mais je suis également un élément de cette masse. J’en ai conscience c’est déjà pas mal. A la rigueur, ça met en partie égale, ce qui peut paraître pire, et tout ce que je veux c’est rencontrer des femmes pour rencontrer celle qui m’apportera le petit plus que je cherche. Celle qui me rendra une partir de ma naïveté.


Peut être que c’est ça l’amour, un retour à la naïveté, avec un brin d’insouciance. L’amour j’en parle sans vraiment le connaître. La définition que je trouve dans le dictionnaire est : sentiment d’affection passionnée, attirance affective et sexuelle d’un être humain pour un autre. (Hachette dictionnaire) Tout semble claire pourtant. Mais personne ne réussit à trouver de solution, de méthode pour le rencontrer ce sentiment si simple. Il ne s’agit que de complexité en réalité. Il faut tout d’abord une rencontre, une réciprocité, des conditions adéquates à son établissement, une volonté de conserver le tout. Un tout définissable et pourtant tellement de livre, de chanson, de film, tant de moyens d’expressions et de fait qui déblatère sur ce sujet et aucune solution nous est livrées.


De toute manière, je pense que je reste bloqué déjà assez longtemps à la première étape, la rencontre. Ma solution, faciliter, biaiser cette étape. Une manière en vue, internet. Il faut s’adapter au temps. Des outils de discussion qui parfois me donne l’impression de limiter les autres. On peut également penser que c’est une réponse au recroquevillement de chacun. Le problème est toujours le même, qui de l’œuf ou de la poule est à l’origine du tout. La cause du tout, le sentiment amoureux. Avant le mariage ne répondait pas à des besoins sentimentaux mais à des besoins matériaux, économiques ou social. Je préfère tout de même la torture admise actuelle à la souffrance imposée autrefois.


Internet est efficace. Des discussions intéressantes, redondantes, surtout dans les premiers moments. Au début, un emballement pour ces rencontres. Ensuite on comprend que l’on n’est pas seul en piste et en constante compétition vis-à-vis d’autres célibataires chasseurs. Néanmoins, dans ce combat mon accroche est efficace. Je fais dans la simple politesse. Tant de chasseurs qui pistent plusieurs proies en même temps, voulant attraper rapidement, pensant que les futilités de la discussion sont inutile. Un Mc Do de la rencontre. Tout simplement les dragueurs de boîte d’avant, qui sont mis plus à mal aujourd’hui. Il reste à passer le cap de l’ennui. Il reste à passer le cap de la rencontre. Je préfère laisser cette décision à la jeune femme. J’ai l’impression que le danger est surtout pour elles.


La rencontre est simple, souvent aucun accroche, parfois pas de réciprocité, et c’est parfois dur, comme pour n’importe quelle rencontre. A la fin de ce premier rendez vous, c’est souvent l’inconnue. On ne sait si on a plu. On hésite à reprendre contact. On ne sait pas si on aura de quoi parler encore la prochaine fois. Au second rendez vous, on a un peu l’impression que le plus gros est fait, mais est ce une rencontre amicale ou un peu plus. Les inconnues restent mais on comprend vite ce que l’autre attend, mais en fait le sait elle vraiment ? Aussi paumée que moi, une chance ou un malheur pour nous. Finalement des rencontres expresses qui nous laissent un goût amer de ne rien construire de ne pas ressentir comme il le faut. Ou tout simplement, pas de rencontre probante encore. Qu’elle jugement avoir. Mon objectif est atteint. Plus de rencontre. Je gagne des soirées agréables, c’est déjà ça. Je suis moins casanier. Une multitude de nouveau contact, dont le plus grand nombre sont éphémères. Toutefois certains apportent un peu plus, même si ce n’est pas des sentiments passionnels. L’impatience est toujours là, pas de rencontre inoubliable. Le désarroi n’a pas disparue devant l’écran de l’ordinateur.


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